mardi 11 mai 2010

Les « malgré nous » à l'honneur à Colmar le 8 mai.

Il y a quelques mois j'avais expliqué dans mon ancien blog le problème des « malgré nous ». Qu'ils aient été mis à l'honneur à Colmar est une circonstance heureuse, parce que celui d'entre eux dont j'avais relaté le récit il y a une trentaine d'année, était justement de Colmar. 

Maintenant je peux aussi vous expliquer qu'il y a des anonymes qui ont pris d'énormes risques pour toute leur famille, dont mon grand-père paternel. 
Ce n'est que longtemps après la disparition des principaux acteurs de la résistance que les choses ont commencées à se savoir. Mais il est utile de remettre les choses en place car j'ai appris il y a peu de temps que certaines personnes déforment les choses et accusent du contraire de ce qui s'est réellement passé.

La vérité, je ne l'ai découverte qu'en 1993, par hasard lors d'un reportage à la maison de retraite d'Embrun. 

Quand j'étais petite, régulièrement en vacances à la ferme de mes grands-parents dans le Jura, on avait parfois la visite d'étudiants anglais avec le directeur de leur université. Comme ils étaient nombreux c'était l'occasion d'une belle pagaille aussi bien dans les chambres qui se transformaient en dortoirs avec plusieurs d'entre eux accrochés aux lustres transformés par eux en multi-prises pour rasoirs, pendant que les filles envahissaient la salle de bain pour se faire belles, sauf qu'on les trouvaient toujours plus moches quand elles en sortaient maquillées comme des voitures volées, que quand elles y entraient. Quant à la table autour de laquelle nous étions régulièrement entre dix et quinze, on se serrait comme des sardines pour tripler le nombre des convives. Cela se terminait toujours avec guitare et chansons et « l'alouette qui se faisait plumer le bec ». 

La seule chose que nous savions, c'est que notre hôte était une connaissance qui datait de la guerre. À Embrun j'ai appris à la fois que H.R. était décédé, et qu'il avait été le responsable de toute la résistance de la Franche-Comté. À la ferme pour passer inaperçu sa présence était justifiée comme ouvrier agricole et les seuls sons qu'il prononçait à l'époque étaient des grognements, car il ne parlait pas français ou si peu avec un fort accent. 

La dernière fois que j'ai vu H.R., c'était chez nous en Alsace au printemps 1969. Un vrai caméléon, vous l'auriez pris pour un français. Il partait tâter le terrain outre Rhin, et il y a des chances pour que de l'autre côté aussi il ait eu la capacité de se fondre dans la masse. 

Ceux qui ont permis le dénouement de cette époque tragique ont aussi été les héros de l'ombre, ceux dont il était préférable de taire les noms, car bien sûr à ce niveau les actions ne s'arrêtent pas avec la fin d'un conflit. 

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