mercredi 7 avril 2010

La délicate question des limites du journalisme.

C'est la dénonciation du journaliste de l'agence CAPA qui a réalisé l'enquête pour l'émission « Les infiltrés » diffusée hier soir sur France 2, portant sur les prédateurs du net, qui a déclenchée la polémique.


Pour certains, dont les services de police, cette dénonciation est normale et même une attitude encouragée, tandis que pour d'autres, dont le Président de la ligue des droits de l'Homme, elle est vigoureusement condamnée. 

Les deux types de positions sont défendables. 

D'une part il est difficile de reprocher à un journaliste de donner l'alerte quand son travail l'amène à avoir connaissance de fait graves sur le point de se commettre, en particulier lorsque des enfants sont en cause. Qu'un journaliste réagisse selon sa conscience dans de telles circonstances peut sembler logique. Il n'a pas failli à son travail d'investigation et d'information, mais le recul et sa conscience l'on fait estimer qu'il ne pouvait pas rester sa réaction face aux risques pour les enfants exposés.

D'autre part c'est le principe la sacro-sainte préservation des sources des journalistes qui est mise à mal. Le problème est aussi crucial car les pressions des autorités étaient déjà importantes dans ce domaine avant cette affaire, et qu'y céder va rendre impossible et sérieusement compliquer la tâche des reporters sur le terrain et qui enquêtent sur des sujets sensibles. Il sera difficile d'obtenir des témoignages et d'enquêter sur certains sujet si les gens concernés ne peuvent pas avoir l'assurance de la neutralité des journalistes. De même que l'utilisation d'une couverture journalistique par les services secrets, comme cela avait été mis en évidence il y a quelques mois suite à un enlèvement, met est danger tous les reporters qui interviennent dans des contextes dangereux de conflits ou de terrorisme. De ce point de vue, la position de la Ligue des droits de l'Homme est tout à fait respectable.


En tant que correspondant de presse, j'ai eu l'occasion de me retrouver devant une situation d'un autre ordre mais qui elle aussi pose question. En arrivant sur un lieu d'accident votre rôle est de prendre des photos et observer pour rendre compte et informer au plus juste les lecteurs. Mais parfois la situation vous impose d'autres priorités comme celle de porter secours avant tout, surtout quand les secours ne sont pas encore arrivés sur place. Ensuite, même si c'est votre rôle, tout ne peut pas être montré et vous n'avez que quelques secondes pour décider, ce qui en situation de crise n'est pas toujours simple dans le feu de l'action. 


Dans le cas présent, le journaliste aurait sans doute été mieux inspiré d'agir sans s'en vanter. 


Dans un tout autre style et tout aussi intéressant et très différent, le reportage de « Rendez-vous en terre inconnue » avec Marianne JAMES et les Bajaus nous a montré qu'on pouvait choisir de vivre entre mer et ciel au-dessus d'une barrière de corail, mais que là encore une autre forme de prédateurs pêche à la bombe en détruisant tout le système écologique de la faune et la flore, privant au passage de ressources les plus démunis. Une autre délinquance, tout aussi grave et avec des répercussions encore plus étendues. 

Autre sujet d'investigations pour journalistes infiltrés. 


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